mardi 30 avril 2013

CHRONIQUE "C’ÉTAIT LA NATIONAL 7"



Ce qui saute immédiatement aux yeux, en se penchant sur la carrière de l'auteur Thierry Dubois, que vous pourrez rencontrer au festival Blanc-Sec le 6 et 7 avril, est qu'il A-D-O-R-E les voitures. Par dessus tout, les voitures anciennes.

Dubois collabore régulièrement à plusieurs revues automobiles et, avec Jean-Luc Delvaux, a doté le personnage de Jacques Gipar de la même passion que lui. Ce journaliste à "France Enquêtes" qui évolue dans les années Cinquante est spécialisé dans le judiciaire, ce qui l'oblige - pour suivre toutes les affaires - à se déplacer souvent. Dans le dernier tome des ses aventures, le quatrième  - "La femme du notaire" aux éditions Paquet dans la collection "Calandre"- Gipar conduit une Simca Aronde, et enquête sur une victime qui conduisait une 4CV; la femme du titre roule en Panhard Dyna. Pour ceux qui ne connaissent pas ces modèles, des explications photos à l'appui sont présentes à la fin de l'album.

Pour une fois, comme l'action se passe près d'Amiens, dans cet épisode on quitte la Nationale 7 (Paris-Menton), chère au protagoniste et titre d'un beau livre très documenté du même auteur (chez Paquet toujours : "C'était la nationale 7", 208 pages, 30 euros).

D'ailleurs, le travail de documentation semble être un autre dada de l'artiste. Pas seulement par rapport aux automobiles anciennes, mais aussi - détail très original - par rapport aux publicités disséminées sur la route. Pour les fans de Dubois, repérer les publicités tout au long de l'album (de marques presque toutes disparues aujourd'hui) est un jeu-défi, un petit plaisir mélancolique ou une joyeuse découverte à chaque fois.

Les Bourguignons d'ailleurs pourront échanger leurs connaissances avec Thierry Dubois en épluchant l'album "Le retours des Capucins". Il s'agit de la deuxième enquête de Jacques Gipar, il doit se rendre près de Dijon, il doit parcourir depuis son domicile 330 km pour écrire des articles à propos d'Henry Polinet, bagnard que l'on soupçonne d'être le chef des "Capucins", une bande de criminels qui s'inspirent de bandits de l'époque de la Révolution. Gipar verra Saulieu, St Martin du vent, le lac des Settons, empruntera la Nationale 6.

mardi 23 avril 2013

CHRONIQUE "LONG JOHN SILVER"



Un homme qui semblerait avoir trouvé un trésor, dans un endroit mythique qu'il recherchait depuis longtemps, mais à l'existence duquel personne ne croyait.

Une femme prisonnière de sa condition, vendue et déplacée comme un objet, qui a tout perdu et est donc prête à tout.

Un pirate avec une jambe en bois, miné par la malaria, mais dont la soif d'aventure est plus forte que les risques mortels qu'il doit courir pour participer à une folle expédition.

Rajoutez un dessinateur somptueux, qui réalise des couvertures dramatiques qui accrochent immédiatement l'oeil. Et pour finir, un scénariste à succès...

Bref, cet hommage à Robert Louis Stevenson ne peut que captiver. Pas de perroquet sur l'épaule du personnage de Lauffray et Dorison, un physique plutôt avantageux et encore jeune au lieu du courroucé personnage de "L'île au trésor", mais le même magnétisme ambigu, le même regard (magistralement rendu par Lauffray) qui derrière un sourire charmeur laisse entrevoir une volonté de fer et un esprit dangereux.

Le quatrième et dernier tome de cette excellente série arrive à la librairie le 26/04/2013, ne le ratez pas !































vendredi 19 avril 2013

TAC AU TAC - ROBA, PEJO, FRANQUIN ET MORRIS



Il était une fois un jeu où l'animateur - Jean Frapat - restait discrètement à l'écart, laissant s'exprimer librement les concurrents.
Ces joueurs étaient assez particuliers : tous issus de la bande dessinée ou de la caricature de presse.

Les règles du jeu, qui passait à la télé française de 1969 à 1975, contraignaient les protagonistes à compléter un dessin collectif ou à se défier sur des dessins en parallèle : le tout se basait sur l'improvisation. On pouvait ainsi voir Roba, Pejo, Franquin et Morris partir du crobard d'une souris et dessiner l'un après l'autre des personnages qui se poursuivaient. Ou encore, Dany et Greg "contre" Goscinny et Uderzo, la première équipe dessinant un sujet que la deuxième équipe ne pourra voir qu'en partie, et qu'elle devra compléter... avec tous les malentendus que l'on peut imaginer !

Les invités avaient des noms prestigieux : Claire Brétécher, Moebius, Hugo Pratt, Druillet... Assez rare pour l'époque, on invitait aussi des noms étrangers tels que l'italien Crepax, l'américain Joe Kubert, l'espagnol Esteban Maroto... Il y eut même une session newyorkaise !
Gotlib était un habitué de l'émission, au point de la citer à deux reprises dans ses "Rubrique à Brac"

Aujourd'hui que la majeur partie de ce panthéon de génies nous a quitté, il est possible, grâce aux archives de l'INA et à youtube, de revivre ces moments incroyables où la crème de la BD se dépassait d'inventivité et de créativité, dans une ambiance bonne enfant.

Tac au tac : Roba, Pejo, Franquin et Morris


mardi 16 avril 2013

CHRONIQUE "L'ETRANGER"


"Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas." 
Jacques Ferrandez respecte le célèbre incipit du roman d'Albert Camus pour démarrer son adaptation chez Gallimard. Célébration de l'année Albert Camus et du centenaire de la naissance oblige... Mais pas seulement : le dessinateur, originaire d'Algérie et même du quartier où l'écrivain vécut, l'avait déjà adapté chez Gallimard ("L'hôte", en 2009), et se dit depuis toujours très lié à l'oeuvre de Camus. 


On suit un Mersault aveuglé par la lumière et ruisselant de sueur dans l'autobus, puis dans un café, à l'asile... 
Ceux qui habitent du côté d'Aix en Province, pourront admirer de près le travail de Ferrandez à l"aquarelle lors de l'exposition d'originaux aux Rencontres du 9ème art. 


La lumière : cette protagoniste ! 
Elle parcourt tout l'album, plus présente encore que ce Mersault qui semble si indifférent. Elle est rarement sereine, dans quelques images de la ville, lors de la baignade à la plage. Autrement, elle est impitoyable. A l'enterrement de la mère, tous les participants transpirent à grosses gouttes; plus tard, le juge est fiévreux, dans l'effort d'extorquer une explication ou même une réaction à Mersault; au procès, aussi, tout le monde est en sueur, surtout l'avocat de la défense. Tout est très blanc, très jaune, pour rendre cette chaleur crue qui poussera le protagoniste à commettre un crime - on le voit presque liquéfié, les contours flous et les cheveux vibrants comme dans un incendie, à cause de la température, dans la scène à la plage.


mardi 9 avril 2013

ASTERIX IRA CHEZ LES PICTES

Astérix ira chez les Pictes



(Photo : Astérix et Obélix © éditions Albert-René)
Réalisé par Jean-Yves Ferri et Didier Conrad, le 35e album du héros gaulois sera lancé le 24 octobre.

A paraître le 24 octobre prochain chez Albert-René, le 35e album des aventures d’Astérix enverra le célèbre héros gaulois chez les Pictes, un peuple originaire du nord et de l’est de l’actuelle Ecosse, révèle, mardi 26 mars, un communiqué de l’éditeur à l’Agence France presse.


Pour la première fois depuis la création de la série en 1959 par René Goscinny, décédé en 1977, et Albert Uderzo, 85 ans, l’album ne sera pas réalisé par ce dernier mais, au scénario, par Jean-Luc Ferri, notamment auteur de De Gaulle à la plage et scénariste du Retour à la terre (Dargaud), et, au dessin, par Didier Conrad, dessinateur des séries Raj(Dargaud) et Marsukids (Marsu Productions).

L’action d’Astérix chez les Pictes se déroulera sur une «terre pas si lointaine dont les habitants si fiers et attachés à leurs traditions nous offrent une belle promesse d’histoire savoureuse», précise le communiqué d’Albert-René.


Publication Live hebdo : Publié le 26 mars 2013 par fp, avec afp

lundi 8 avril 2013

CHRONIQUE "CESARE"

On entend "Borgia" et on pense immédiatement intrigues, scandales, inceste avec Lucrèce, etc...
D'ailleurs, la couverture du manga de Fuyumi Soryo joue avec les éléments du "mythe", bien que le César dépeint dans ce premier tome soit encore bien loin du sulfureux personnage passé à l'histoire et même du gonfalonier combattant, du mécène et du gouvernant cité par Machiavel dans "Le Prince".


Ici, Cesare est un jeune étudiant à l'université de Pise. Brillant, passionné, il est néanmoins peu appliqué, il préfère croquer la vie à pleines dents plutôt que se pavaner auprès des professeurs comme le fait Giovanni de Medicis. En privé, il souffre d'être le bâtard d'un cardinal (qui deviendra Pape) et d'avoir "pour mère une catin". Dans ce premier tome, c'est à travers les yeux du jeune et très naïf Angelo da Canossa que nous découvrons le rejeton de la famille Borgia : sa beauté, son charisme, mais surtout la trame complexe de relations (et rivalités!) au centre desquelles il évolue.
Angelo - ignare des rapports ambigus entre Médicis et Borgia (alliés, mais ayant amis et ennemis différents et croisés) et du rôle que les prédicateurs dominicains qui suivent Savonarole jouent dans tout ça - collectionne bévue sur bévue.
Cesare, bien qu'appartenant à un autre cercle universitaire (les Espagnols, alors qu'Angelo est de la Fiorentina) que le jeune homme, et bien qu'étant beaucoup plus élevé socialement, se lie d'amitié avec lui.
Dans le tome 2, il lui fait découvrir, loin des fastes où il vit, une ville pauvre, désespérée et violente; son analyse est que la faute est à l'église, qui empêchant aux miséreux de s'instruire et d'apprendre un métier, les garde dans la détresse et donc sous sa coupe... le futur politicien est là !

Le graphisme est aussi raffiné et subtil que les machinations qui entourent les Borgia. On ne voit pas énormément de décors, mais quand c'est le cas, ils sont somptueux.

Ki-oon édite simultanément les 2 premiers tomes.