vendredi 27 septembre 2013

CHRONIQUE - LES CHRONIQUES DE LA VIGNE


Chroniques de la vigne, conversations avec mon Grand-Père, Fred BERNARD, Glénat 2013, One shot

    Les Chroniques de la vigne compilent les discussions du bourguignon Fred Bernard avec son grand-père vigneron à Savigny-lès-Beaune.
Les anecdotes de l'aïeul sont prétextes à l'évocation du breuvage mais aussi des souvenirs d'un quarantenaire. L'auteur raconte avec clarté et sans dogmatisme l'importance des hommes et du terroir mais aussi l'alcoolisme et la biodynamie. La lecture est agréablement rythmée par les citations tirées d'une conférence datant de 1880 intitulée : "Les effets psychologiques du vin".
    Parler du vin en 2013, c'est soit ouvrir "Le guide Parker du vin", soit lire "les Chroniques de la vigne", soit se lancer dans une analyse façon commentaire composé au bac de français, soit apprécier sans snobisme le breuvage et le travail du vigneron. Fred Bernard nous invite avec humour à le suivre sur la deuxième voie. La narration est claire et le dessin simple nous éloigne du "goût de banane" ou de l'"arôme de lièvre en rut" décelé par certains critiques œnologiques.
L'ouvrage est relativement épais mais il se lit facilement et sans indigestion. De plus, les chroniques ne suivent pas un ordre obligatoire.
  Si l'auteur parle avec fierté des crus bourguignons, il évoque aussi les crus bordelais ou californiens. On apprend beaucoup sur le milieu du vin et ses travers.
En fermant la BD, une seule chose à faire : ouvrir une bouteille et la partager en famille ou entre amis.



jeudi 19 septembre 2013

CHRONIQUE - BLUE NOTE

Dargaud, 72 pages, série en 2 tomes : 
"Cet idiot de Walker, s'est- il couché ?"Cette question, Jack Doyle se la pose depuis 5 ans. Depuis qu'il a juré de ne plus remonter sur un ring. Pourtant, il va replonger dans la puanteur et la gangrène de la ville, poussé par un maquignon véreux : "Wonderboy is back". Mais la ville encore sous le régime de la prohibition a changé.

Décidément, les Etats-Unis et leurs mafias de l'entre deux guerres sont à l'honneur en cette rentrée 2013. La "ville" ressemble à Chicago. Mariolle et Bourgouin s'inspirent ici aussi bien de Raging Bull et Scarface (version 1932) que de Cotton Club. Si le titre "Blue Note" fait référence au jazz naissant, la musique n'est évoquée qu'en clin d'oeil et en décor. L'ambiance corrompue de la fin de la période de prohibition est peinte avec précision de même que le milieu de la boxe.
Le découpage s'affranchit des cases : pages pleines ou décors absents pour laisser parler les uppercuts. Le trait précis et détaillé de Bourgouin cueille à froid le lecteur dans des scènes de boxe très réussies. La mise en couleur varie les ambiances et rappelle les films américains des années 40. Le travail sur les ombres évoque la BD américaine des années 50. Un autre regard est annoncé par les auteurs dans le tome 2. La rédemption attend-elle Jack Doyle ? Le jazz ne restera-t-il qu'un décor ?


mardi 10 septembre 2013

AYA DE YOPOUGON (le film)

Parlons un peu de cinéma, l'association Cinémanie nous fait le plaisir de diffuser au cinéma (Auxerre) l'adaptation de Aya de Yopougon.




Article de l'association Cinémanie : 
AYA DE YOPOUGON
France 2011 ; sortie 13 juillet 2013 / Durée : 1h24

Réalisation et scénario : Marguerite Abouet et Clément Oubrerie à partir de la B.D de C. Oubrerie. Avec les voix d'Aïssa Maïga, Jacky Ido, Tella Kpomahou, ...

Marguerite Abouet, née en 1971, est une ivoirienne qui a émigré en France à l'âge de douze ans. En 2005, elle démarre avec Clément Oubrerie une série de six volumes, Aya de Yopougon, qui raconte la vie à Yopougon, quartier populaire d'Abidjan en Côte d'Ivoire, où elle a vécu son enfance.
La bande dessinée, après avoir obtenu un franc succès, est adaptée en film d'animation par la maison de production Autochenille, qui a déjà produit Le Chat du rabbin, de Johan Sfar.
Le récit et les images sont hauts en couleurs, drôles et touchants. Les trois jeunes héroïnes adolescentes en sont la sage et raisonnable Aya et ses copines délurées Bintou et Adjoua. Les filles fréquentent assidûment les maquis (bars) où elles ne pensent qu’à se faire draguer, elles rêvent de mener grand train de vie dans une France qu'elles idéalisent naï-vement. Quant à leurs parents, ils se débat-tent dans des problèmes d'emploi, d'adultère,
d'argent, dans ce quartier qui est pauvre sans être misérable. Chacun vit avec appétit et une certaine philosophie, tout le monde se connaît. Impossible de garder pour soi un minimum d'intimité familiale : les voisins sont au courant de tout et ont toujours leur avis à donner sur les problèmes des uns et des autres. Yopougon est un vrai village...
Les dialogues fusent dans un français très ivoirien, avec des mots imagés et chantants, parfaitement rendus par les voix des comé-diens africains (ces voix qu'on ne fait qu’imaginer en lisant la bande dessinée).
C’est un vrai plaisir, de découvrir le petit monde de Yopougon dans les années 70, animé d'un dessin malicieux. De plus, les auteurs ont inséré dans le film de vraies publicités de la télévision ivoirienne de l'époque, un régal.
Il y a beaucoup d'humour dans les péripéties que raconte Aya. Jusque dans les clichés : les hommes sont plutôt lourdauds, les femmes et leurs filles rusées et malignes.
Gardons-nous de prendre tout cela trop au sérieux. Aya n'est pas un documentaire, ni une fable, ni un film comique, ni un film à l’eau de rose, et tient de tout cela à la fois. C'est frais, jouissif, et c'est assaisonné d'une sympathique musique africaine entraînante, surtout les soirs de bal au maquis.
Une façon agréable d'ensoleiller la rentrée...
Hélène Perret

Blog de l'association : http://cinemanie.over-blog.com/




Bande-annonce du film : 

mardi 3 septembre 2013

CHRONIQUE - TYLER CROSS



Dargaud, 2013, One shot, 92 pages.
Black Rock, fin fond du Texas ; un tueur avec 17 kilos d’héroïne pure volés à la mafia débarque dans une ville de péquenauds dirigée par un clan familial. Polar stylé, « one shot » biberonné aux films américains et aux romans noirs. Le dessin épuré sert parfaitement une ambiance poisseuse. Les dialogues sont secs comme une Thompson et évocateurs sans être des caricatures de jargons mafieux. L’humour est bien présent dans le récit qui ne compte pas de temps mort. Point de description, uniquement l’essentiel. La qualité du dessin de Brüno, déjà saluée dans Atar Gull, est ici réhaussée par une superbe mise en couleur de Laurence Croix. La couverture découpée comme un story-board est splendide. 
Probablement le meilleur album de l’année, une association encore réussie pour l’auteur et son dessinateur.